Cas clinique

Netfflix est une machine à productions toutes plus hétéroclites les unes que les autres. Dans cet amas de choix se trouve Clinical, petit film sans prétention qui bénéficie pourtant d’un casting assez étoffé. Après la réalisation de The Diabolical en 2015, Alistair Legrand repasse derrière la caméra pour son second long métrage tout en rime avec Clinical en 2017. Une psychiatre qui se retrouve à lutter contre ses propres angoisses, ça doit valoir la peine, non ? Eh bien on lâche doucement la boîte de cachetons de notre mimine et on se lance dans la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Jane Mathis (Vinessa Shaw) est médecin-psychiatre. Deux ans après une terrible agression par l’une de ses jeunes patientes Nora (India Eisley), elle reprend gentiment le travail en prenant garde de ne pas avoir de patients souffrant d’un stress post-traumatique. C’est alors qu’elle reçoit l’appel d’Alex (Kevin Rahm), un homme défiguré après un terrible accident qui voit en elle la seule personne capable de l’aider. Jane accepte de le recevoir sans savoir que cela va réveiller des souvenirs qui auraient dus rester enfouis.

Sur l’ordonnance, on peut déjà noter une bonne dose d’acteurs de tous horizons pour rendre ce thriller psychologique un peu plus cossu. On commence avec Vinessa Shaw, habituée aux longs métrages (Eyes Wide Shut, La colline a des yeux de 2006) comme aux séries (Vegas, Those Who Kill) et mannequin à ses heures perdues. Elle joue ici le rôle central de la psychiatre torturée, ayant ce besoin compulsif d’aider les autres en dépit de son propre état mental fragile. Personnage interprété avec brio, on en vient, tout comme elle, à douter de sa santé mentale.

Face à elle, un individu perturbé et méconnaissable en la personne d’Alex, interprété d’une main de maître par Kevin Rahm, notamment connu pour son rôle de Lee dans la série Desperate Housewives. Oui, oui, c’est bien lui. Souffrant d’un terrible stress post-traumatique, l’interprétation est bougrement bien fichue. Le journaliste insupportable de la série des Die Hard est également présent sous les traits de Terry, confrère et ami de Jane. William Atherton nous livre donc une prestation sympathique non sans se fondre parfois un peu trop dans le décor.

Aaron Stanford (Pyro de la saga X-Men, mari de Vinessa Shaw dans La colline a des yeux) est le petit ami policier de Jane ; Nestor Serrano (L’Arme fatale 2, la série 24 heures chrono) officie en tant que médecin dans un asile psychiatrique ; et Sydney Tamiia Poitier (Boulevard de la mort) est la meilleure amie de Jane, effacée mais convaincante.

Et que dire de la prestation d’India Eisley dans le rôle de Nora ? La Eve de la saga Underworld tient impeccablement dans le personnage de la jeune fille traumatisée. Son comportement est interprété avec une justesse déroutante et elle parvient, par sa simple présence à l’écran, à nous mettre mal à l’aise. Rien que la scène d’introduction nous met directement dans le bain.

C’est bien beau de prescrire un chouette casting, mais faut-il ajouter une boîte de comprimés scénaristiques avec tout ça ? Après une scène d’intro violente, graphique et bien orchestrée, on fait un bond de deux ans pour arriver à la reprise du travail par Jane, se sentant prête à sauter le pas. De fil en aiguille, le scénario se construit dans une étrange complexité, permettant tout de même au spectateur d’avoir son lot de surprises et surtout de moments de tension.

L’ambiance du film nous propulse dans nos retranchements en nous mettant en porte-à-faux à chaque instant, nous faisant douter de la santé mentale de Jane… et de la nôtre par la même occasion. Les yeux les plus aguerris parviendront sans doute à sentir le coup venir à partir des deux tiers du film. Pour les autres, ce sera une véritable surprise.

Car le concept de Clinical est très simple ; il faut induire le personnage principal en erreur dans le but de nous même nous mettre dans un état de questionnement. C’est ainsi que même si les scènes de tension restent majoritairement de l’ordre du déjà vu, on ressent pourtant cette atmosphère étrange comme si quelque chose ne tournait manifestement pas rond. Et la dernière partie du film va nous donner raison de manière brutale et sans concession.

Côté image, la violence est extrêmement crue mais jamais gratuite. Tout ce qui se passe sous nos mirettes écarquillées possède une raison, aussi terrible soit-elle. La scène d’introduction, les cauchemars de Jane, l’accident de voiture ou la scène finale ne sont que quelques exemples d’exactions sanglantes que nous pouvons voir à l’écran. Mention spéciale à ladite scène de l’accident, tournée en noir et blanc avec le sang en couleur, renvoyant à un certain Sin City graphiquement somptueux.

Au-delà du fait que le scénario est bon et se suit sans fausse note jusqu’à un final à la fois prenant et graphiquement sanglant, le film nous parle des peurs enfouies au plus profond de nous, intimement liées à des événements dramatiques de notre vie. Le stress post-traumatique est au centre de l’attention et c’est intéressant de voir qu’au final, même si vous êtes une calure absolue en psychologie humaine, vous n’en restez pas moins… humain.

La bataille psychique d’une femme pour s’émanciper de souvenirs atroces de son passé, voilà ce que représente le métrage. Chaque choix effectué par Jane la rapproche inévitablement d’une confrontation avec sa mémoire la plus sombre et, de ce fait, de la vérité. Il se peut parfois que même les meilleurs se fassent avoir et c’est habilement ce que parvient à faire ce film qui ne payait pas de mine de prime abord.

Clinical ? Vous m’en mettrez deux boîtes ! Etonnamment prenant d’un bout à l’autre, on termine le film en se demandant si on aurait pu le voir venir d’une autre manière. Les amateurs de thrillers bien sentis vont être ravis de découvrir ce métrage et de se retrouver sur leur canapé non pas devant un psychiatre mais devant leur écran. Finalement, la fiction, ne serait-ce pas une forme de thérapie ?

La liste est complète ; je peux passer à la pharmacie.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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