Chat alors !

En cherchant un nouveau film à voir, je suis tombé sur Go-hyang-i : Jook-eum-eul Bo-neun Doo Gae-eui Noon, appelé plus simplement et sobrement The Cat. Réalisé par Byeon Seung-wook (purée, c’est terrible le coréen) et sorti en 2011, l’affiche capte relativement bien le regard. Avec six nominations au Festival du film fantastique de Gérardmer en 2012, ça attise carrément l’intérêt. Et n’oublions pas que nous parlons de film d’horreur asiatique, et donc potentiellement de quelque chose de génial. En Orient, ils ont cette terrible manie que leurs films d’épouvante soient bons. Même lorsque ça part dans le n’importe quoi, que c’est drôle, que les situations sont plus incroyables et improbables les unes que les autres, ils arrivent à pondre quelque chose de super. Imaginez donc ce que cela pourrait donner si le film était, déjà à la base, excellent. Alors, les chats sont-ils de notre côté ? Les amis des bêtes vont-ils hurler au scandale ? L’histoire envoie-t-elle de la pâtée ? Avant toute chose, je vous rassure ; aucun félin n’a été blessé ou maltraité durant le tournage. Amis des bêtes, préparez-vous. ATTENTION : cet article contient des spoilers

So-yeon (Park Min-yeong) travaille dans une animalerie comme toiletteuse. Depuis la mort d’une de ses clientes, elle garde Silky, le chat de la malheureuse victime, dans l’attente de la fin de l’enquête. Mais depuis que le félin est entré dans sa vie, la jeune femme se met à voir régulièrement une petite fille avec des yeux de chats. Pire encore, des morts mystérieuses se produisent un peu partout dans le quartier. Une malédiction serait-elle liée au chat ? Où est-ce que cela implique quelque chose de plus grave encore ? Avec l’aide d’un policier, Joon-seok (Kim Dong-wuk), So-yeon va tenter de découvrir la terrible vérité.

Si vous êtes balèze en acteurs sud-coréens, je vous félicite ! Ce que je peux dire, c’est que la majorité d’entre eux ont déjà bossé sur pas mal de métrages (également sud-coréens) avant celui-là. Du coup, l’empathie fonctionne, particulièrement avec So-yeon. Sa timidité, son amour des animaux et sa claustrophobie en font un personnage complet, possédant également un vécu qui ne semble pas piqué des hannetons. Le personnage de Joon-seok n’est pas aussi travaillé, mais possède ce petit côté naïf qui fonctionne bien. Après, on sait qu’en Asie, les acteurs ont toujours tendance à effectuer un peu de sur-jeu dans ce qu’ils entreprennent. Cela apporte cette asia-touch nécessaire pour que le métrage possède cette ambiance particulière.  

Au niveau des personnalités, il y en aura même certaines carrément dérangeantes, à l’instar du mec au refuge pour animaux, du père de famille et de ses gestes envers sa maman, et du patron de So-yeon. Des braves types, au fond, on n’en doute pas, hein ? Sérieusement, on attendait peut-être un peu plus de profondeurs sur certains personnages secondaires, mais le constat est là ; le travail d’acteur est fait et bien fait.

Le scénario implique l’histoire d’une gamine avec des yeux de chats qui collerait aux baskets de certains matous du quartier. En partant de ce simple postulat, le film se suit sans peine, dans toutes les étapes de l’enquête de So-yeon et même dans certaines scènes de sa vie quotidienne. On avance lentement dans cette terrible histoire, avec quelques scènes dérangeantes et une vraie présence horrifique de la gamine aux yeux félins. Faut dire que ses apparitions augmentent tout de suite la tension, et le jeu du chat et de la souris avec So-yeon fonctionne bien.

Car oui, tension et horreur sont au rendez-vous. Les apparitions de la petite fille sont souvent prévisibles, mais l’épouvante orientale, ça fonctionne à chaque fois. Qu’il s’agisse des scènes vers l’incinérateur, dans le placard du salon de toilettage, dans la chaufferie ou dans l’appartement de So-yeon, à chaque fois, ça marche. L’apparence terrifiante de la petite n’a d’égale que la cruauté de certaines morts qui resteront dosées, sans partir dans une surenchère qui aurait été malvenue.

Visuellement, on en prend aussi pas mal dans la tronche. Les cadres sont soignés pour apporter une tension plus présente et une ambiance qui accroche plus. Parfois lente pour nous laisser le temps de bien faire au froc (le passage sous le lit), l’action ne part pas dans tous les sens. Le réalisateur prend le temps de poser les choses pour instaurer une véritable atmosphère oppressante. Les effets spéciaux, quant à eux, fonctionnent bien la plupart du temps, même si sur la fin, on sent clairement l’image de synthèse. Dommage, on aurait pu avoir un poil (de chat) mieux.

Donc, le scénario se suit facilement et on avance dans l’enquête avec So-yeon et son partenaire, Joon-seok. Apparitions furtives, morts terribles, moments de détente avant de reprendre une bonne dose de stress, The Cat fonctionne très bien et on ne s’ennuie pas une minute. Tout cela jusqu’à un final dévastateur, où le tragique nous tire la larme à l’œil. Les raisons de tout cela sont abominables et je vous laisse le soin de voir ce métrage pour vous laisser la surprise. Même si on pense voir venir les choses, quand elles arrivent, elles emportent tout sur leur passage.

On pourrait se dire que les morts dans le film sont complètement prétextes et qu’elles ne servent qu’à apporter la touche horrifique nécessaire pour que le spectateur ne s’ennuie pas. En effet, les raisons brutes des morts ne sont pas clairement expliquées et, soyons francs, n’ont ni queue ni tête, si ce n’est que les victimes maltraitent systématiquement les animaux (ou les humains). Pourtant, dans la culture asiatique, lorsqu’une personne meurt violemment ou horriblement, son esprit torturé peut s’en prendre à des personnes pour se délester de sa rage. La culture du lieu où a été réalisé le film peut clairement nous aider à comprendre la démarche du réalisateur.

Et les chats, dans tout ça ? Ils ont la part belle dans ce film car leur présence est quasi-permanente. Les félins sont souvent associés à la mort, à l’au-delà et, plus souvent, comme annonciateurs de destins funestes (merci les Egyptiens). L’utilisation du chat comme animal prédominant dans le film est donc totalement logique, permettant aussi de donner une sacrée tronche à la gamine, histoire de bien mettre les floppettes. Symbolisme très fort et vraiment ancré dans le métrage.

Pour un second film et un premier métrage horrifique, Byeon Seung-wook réussi un coup de maître avec The Cat. Tragique, terrible, monstrueux, émotionnellement bien installé, intéressant, tout s’y trouve pour passer un magnifique moment. L’horreur asiatique a encore, j’en suis sûr, de magnifiques trésors à nous présenter. Dans le cas présent, je le conseille vivement à tous ceux qui aiment les vrais films de ce genre, et à toute personne qui veut prochainement adopter un chat. Car il faut le dire, au final, les vrais héros du film, ce sont eux. 

Pour ma part, je conserve ma préférence pour les chiens. Les chats, ça peut être dangereux. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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